La dédicace sera précédée d’une lecture-présentation du recueil et d’un échange. -le mercredi 27 mai 2015, de 14h00 à 18h00, à la librairie Le Grimoire, Mirecourt
Présentation de l’ouvrage
Dédié à Richard Rognet, La Tête de l’ange est le second volet d’un tryptique qui commence avec L’Embellie, recueil de poèmes paru en 2010 aux Editions Aspect, à Nancy. Mais pour la première fois, Annick Breton nous propose un ouvrage en prose, composé de 54 textes qui sont autant d’étapes d’un cheminement en soi, vers l’ange, aussi proche et accessible que lointain, car multiple. Ce livre, dont la seule épigraphe est une citation du poète belge Jacques Izoard, interroge à la fois le poète et le lecteur sur la vérité des êtres que nous sommes au monde et à nous-mêmes, sur la manière dont nous existons. Il est tout entier imprégné à la fois de lumière et de nuit.
Contrairement à la grande majorité des ouvrages de poésie, La Tête de l’ange se termine par une postface. Premier lecteur du recueil, Thierry Rabot, poète édité dans de nombreuses revues et anthologies, a écrit ces lignes qui font le lien entre les trois livres d’Annick Breton publiés à ce jour. Il s’agit de retrouver les chemins empruntés dans les mots, de proposer non pas une explication mais une lecture attentive, quelques clés peut-être…mais le lecteur, ainsi que le disait Richard Rognet en 1991, conserve la possibilité entière de « lutter » avec le poème, de sentir ses résistances, de s’y confronter. C’est lui qui reste le garant de ce « mouvement perpétuel vers une découverte » qu’engendre et permet la poésie.
Ecoutons La Nuit, écoutons L’Embellie, écoutons l’Ange (Extrait)
Sans crier gare, Annick Breton hurle ; depuis longtemps. Il est remarquable que l’écriture d’un poète de vingt ans perdure dans son authenticité, tout en s’imbibant de vie, et donne vingt-cinq ans plus tard un recueil d’identité et de rapport au poème toujours plus moderne dans sa propre tradition charnelle et spirituelle.
Annick Breton démontre qu’il n’est pas requis de composer avec un vocabulaire et une structure complexes pour que syntaxe, coupures, hymnes et lamenti forment une fratrie lumineuse et solidaire au sein du texte en prose. (…)
C’est moins la trace d’un soleil parfait que les lueurs qu’il sème qui guident la poésie, lui laissant l’œuvre de leur cohésion. Où la lumière est absorbée, le poème semble, lui, dérobé, comme si le néant pendait, systématique, à la potence du vivant ou dépendait de son salut.
« Quelle couleur plus vive faut-il porter pour embrasser le temps au-delà de soi et finir par l'aimer ? » (La Tête de l’ange, p.17)
Dans la simplicité cachottière de la nature, Annick Breton débusque les tableaux, les échos de sa déambulation, et nous emmène comprendre qu’elle ne parcourt d’autre sentier que l’ésotérisme de son être. « Je » prend sa place dans le texte comme dans la vie.
La nature campe le décor de l’impensable et de l’insoutenable, double contrainte effrayante qui nécessite la forge permanente de la réinvention et de l’accession ; c’est une lutte, non une transformation. (…)
La réalité n’est jamais bannie, refoulée, ou niée ; le poète gagne sa liberté sans écorcher ce qu’il lui est imposé de voir et qui pourtant, parfois, le blesse comme irrémédiablement. C’est un ajustement du poète à l’être-poète, à l’accès à soi, à l’ouverture et à l’acceptation du monde-soi.
Cela s’élabore dans l’exigence d’être individu, dans une turbulence d’allers et retours entre soi et l’altérité de tout pôle dont les premiers magnétismes sont ceux de l’inconciliable, fendu toutefois par des dialogues incessants avec l'ange dont le flanc bleu augure toutes les naissances.
à propos de la Francophonie
Ce texte de Jean Pierre Parra nous est parvenu depuis quelque temps mais je ne parvenais pas à l'ouvrir. Voilà qui est fait.
Et le voilà. Bonne découverte
Sorti du profond sommeil
Mêlé
arraché au ventre familier
à la lumière du soleil jeune
tu sens
ennemi de l’absence du temps
le sourire sur ton âme
#
Sorti
craintes achevées
de son sang
tu évites
dormeur les yeux ouverts et rêveur à l’état de veille
ce que tu crains
#
Arrivé
jeté à temps dans le monde qui respire
tu te débats
sans rien voir ni entendre
pour illuminer
lumière créée
ton esprit
relié au monde
#
Impatient
apaisement puisé
d’arriver
dans
la vie ajustée
tu oublies
envahi des souvenirs auréolés du ventre maternel
tout
tu perçois
voilé de sommeil
l’avenir inconnu
Seule, ma voix seule
Prisonnière ou
Libre d’un poème
N’ouvre aucune flammèche
Si elle ne rejoint
Ton regard
Et le feu de chacun
Mêlé aux plaies de la terreur
Comme aux plaisirs de l’amour
Et l’amour
Brindille petite, défie
La nuit gigantesque qui
Escorte de boue, de sang
De crimes, de folies, nos vies
Même muré l’amour
Étouffé, éclaté, invisible
Au creux de toi, persiste
Tu en perçois les sons
Les battements qui
Réinventent la lumière
Et dans l’espace éclaté
Tu reprends forme
Et tisons parmi les autres
Aux jours mouillés d’effroi
Tu ne t’agenouilles pas
Mais porte ta voix
Petite
Mais presque oiseau
Cet oiseau qui sur la branche
Donne au chaos du monde
L’espoir d’un chant
Jacqueline Persini-Panorias
Cette année
Il nous faudra
Capter
le fil de la vie
l'user
en abuser
Fixer
les temps d'arrêt
pour recueillir
le bruissement des choses
l'ébrouement de la nature
entendre leurs secrets murmurés
Suivre
le réconfort de la clarté
espoir apaisé
sur la découpe inégale des jours
Protéger
ce sentiment immodéré
absolu de vie
partage
dans les yeux de rencontre
Étirer
les instants de paix
où l'on soupèse
la densité du silence
son épaisseur
Saisir
le sens des moments offerts
le goût du bonheur
Chercher
des vers où les mots
révèlent
ce qu'il y a derrière les mots
L'Harmattan
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Fleurs en terrain volcanique
Julienne Salvat
ISBN : 9782343041193 • 15,50 € •150 pages
Collection : Accent tonique - Nouvelles
Au demeurant, été comme hiver, rien ne venait rompre l’enchantement de cet espace que calcine la surabondance solaire, que fraîchissent les clartés nocturnes, quand la lune nous rejoignait et s’attardait pour la plus grande magie des kabars, ou bien quand, nous faufilant à travers les chokas, nous parvenions à l’étroite crique brune qu’enserrent les rochers qui protègeraient une cérémonie.
Alors s’accomplissait leur métamorphose face à l’Océan, dans ces rituels qui puisaient aussi bien dans les poteries, les calebasses et paniers de la Caraïbe que dans les soubiques de Madagascar, dans les tentes et bertelles de Bourbon, créant la saveur nourricière de nos ailleurs mêlés. La lumière lunaire. Son huile diluvienne pleuvait sur leurs visages ainsi régénérés. Transfigurées, elles devenaient pour nous choéphores de l’avenir, porteuses de visions vivifiantes. Leurs robes blanches et fauves bougeaient en vagues drapées, leurs bracelets et leurs anneaux luisaient, tantôt armes de guerre, tantôt armes de paix.
L’AUTEUR
Julienne Salvat est née à la Martinique et réside à l’île de la Réunion où elle a mené sa carrière de professeur de Lettres, des activités de théâtre et d’animation culturelle. Elle est membre de la SDGL et de la Société des Poètes Français. Auteur de fiction romanesque et poète, elle est également publiée dans diverses revues et des recueils collectifs.
EXTRAITS
« _ Le passionnant dans tout ça, c’est que chaque individu de même que l’artiste demeure souverain dans ses choix, peut introduire sa part insolite, défoncer les barrières de la langue, ruer dans les brancards de vendettas dont il n’a cure, mettre à bas le lourd fardeau des interdits qu’on veut lui imposer. Il peut défier tout cela, il le doit. Bref, son autonomie singulière renforcera et l’équilibre du tout et la contrariété des parties.
_ Moi, je pense à l’exemple de la musique, ses gésines multicolores…
_ C’est pourquoi être métis, c’est aussi vivre et se vivre tantôt de violences et de sérénité, tantôt d’harmonie et de criardes dissonances.
_ Le métis n’en est pas moins un monstre signifiant pour légende future comme on en trouve dans la fable antique. Nés d’accouplements réprouvés, ils n’en sont pas moins des mythes, des figures sacrées dont les Grecs nous ont légué une profusion de modèles. » (p.79)
« Impériale et simple, elle dit la poésie de l’Océan Indien créole. Elle dit Gamaleya, le démiurge de l’aïeul Marron mythique, Albany et Lorraine, tous deux pleurant leur exil mais fascinés par le grand pays dehors, Azéma le réprouvé et ses stigmates, errant au cœur de la pampa argentine. Elle dit Malcolm de Chazal le Voyant de l’île Maurice, et tous les autres. Chevauchée par Kalla aux deux visages d’esclave et de bourrelle, elle était tour à tour Célimène, Muse des Trois-Bassins et jument anoblie, Héva la reine des marronnes elle aussi lui pressait le flanc. » (p.125)
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L'exposition Jacques KOSKOWITZ, les étapes d'une oeuvre, est l'événement de la rentrée 2014-2015 au Musée de Toul.
Mal connu, ce Musée municipal mérite le détour, tant pour la richesse de ses collections que par la volonté pédagogique de ses responsables de présenter un parcours à la fois historique et patrimonial aux visiteurs.
Fondé par le docteur Michel Hachet, le Musée, sous la houlette d'Hélène Schneider, aujourd'hui sa conservatrice, est aussi le lieu d'accueil d'expositions variées et toujours intéressantes. L'équipe du Musée, salariés et bénévoles, oeuvrent avec dynamisme pour continuer un double travail : celui de la conservation et celui de la présentation à tous les publics.
L'exposition de l'essentiel de l'oeuvre de Jacques Koskowitz est présentée en partenariat avec les associations "les Amis de Jacques Koskowitz" et "Jacques Koskowitz".
Elle fera l'objet pendant 3 mois d'une animation principalement tournée vers les scolaires et les groupes intéressés. Un atelier de pratique artistique autour de l'oeuvre sera mis parallèlement en place au Collège de Colombey-les-Belles, dans son espace artistique.
A propos de « Plein Champ » de Robert Nedelec
Plonger dans « Plein Champ » et le mystère NEDELEC, c'est tout un rituel de lecture. On se demande quel chemin emprunter pour atteindre une lumière si bien cachée. Les mots s'enchaînent dans leur simplicité prosaïque, comme si tout était simple, comme si la vie était simple, comme si, entre rêve et réalité, toutes les passerelles étaient libres d'accès et assez solides pour cheminer de l'un à l'autre, comme si tous les gués se laissaient franchir sans laissez-passer . Passerelle ou gué.... passages obligés entre rêve et réalité, entre rêve et souvenir, entre réalité et souvenir. On balance à travers ces mots qui, comme le pinceau du peintre, va , vient, balaie la toile, change la couleur ou le trait au gré du mouvement. Car il y a du mouvement sous la plume de Robert Nedelec.
Au creux de la création, reviennent sans cesse l'enfance , ses éclats de lumière et son contraire , la mort habillée de ses cendres. C'est cette marche infatiguée qui secoue les poèmes.
Et si..(Robert .Nedelec nous jette des « si » non avoués, simplement dissimulés ) ce passage de l'enfance à la mort n'était qu'un regard déchiré sur le cheminement de l'homme, sans passerelle, sans gué, un raccourci de l'Humanité avec des mots retenus que dissimule la pudeur?
Il arrive parfois que rêve et réalité sont dans une telle osmose que le poète se fond dans l'un et l'autre en même temps comme si se perdre était échappatoire à une trop grande souffrance ou déchirure béante. Le galop des mots prend souvent une allure proustienne avec (on peut se le demander) le désir de nous tromper et, plus sûrement pour le poète , de se tromper lui-même. On se cherche dans « les eaux troubles » , mais où les trouver? Est-ce un jeu? Cherche-t--il à se perdre?
La remise en cause de soi-même, lorsque pendant plus de quarante années on n'a pas cessé de se questionner, crée peut-être une tentation à rire de ses propres émois (l'épouvantail) pour probablement oublier ses plaies. Seul le poête le sait!
Le titre « Plein Champ » peut faire penser au caméléon....Surprenant, direz-vous? Plein champ de regards comme ce saurien et sa vision à 360° , regards qui vont, tournent, reviennent fuient jusqu'à l'inatteignable, cherchent le profond de l'être et l'infini, allant de la poignée de sable ou la bille d'agate de l'enfant vers l'aimée ou plus gravement vers la mort tragique et vile dans le fossé. Roue de mots,Plein Champ nous livre une liberté de parole à laquelle les Surréalistes ne tordraient pas le cou.
Il est vrai que Robert Nedelec a connu cette écriture automatique . Dans les années 70, il a frôlé Soupault et Bérimont, les derniers de la bande.Il y a puisé le jeu des images et métaphores extrêmement riches qui font son identité.
« Plein Champ » est le tressaillement d'un vrai poète, d'un homme et sa nostalgie, qui suit sans se déjuger le même chemin d'écriture coulé souvent dans le vent d'une Bretagne , jamais citée, mais clouée dans ses poèmes.
« Et voilà aussi l'enfant qui cherchait le houx pour Noël dans quelque proche taillis qui n'existe plus, et ce frisson d'ailes au-dessus du temps. »(La grange)
Robert Nédélec / 23 mai 1946 / Saint-Pol-de-Léon (Finistère). Existence partagée entre la Bretagne, où il a passé toute son enfance et à laquelle il reste encore très attaché, et la Provence intérieure, où il a choisi de se fixer aujourd’hui. A édité une grosse vingtaine d’ouvrages, épuisés pour la plupart d’entre eux, en particulier aux «Editions de l’Arbre» (Jean le Mauve éd.) ou à «L’Arrière-Pays». A également collaboré, et collabore encore occasionnellement, à de nombreuses revues, en France comme à l’étranger . Prix Louis Guillaume 2007. Grand Prix de Poésie 2014 de la SGDL pour son oeuvre.
Bibliographie : Des racines autour du cœur, Oswald (1971) – Nœud des délivrances, Edmond Thomas (1974) –Corde raide au-dessus des chutes, Millas (1975) – Le bon vivant, Le dé bleu (1976) – Jeu d’ombres, d’algues et de laine, Apostrophe (1977) – Le bon vivant, 2° éd. augmentée, Jean Le Mauve (1978) – Poème du pays qui a feint, Cyclope-DEM (1979) – Lieu d’yeux et de lait, Jean Le Mauve (1980) – Sang n’étant pas divisible par toi, Quintefeuille (1981) – Le pouls des pierres, in Froissart (1983 , Prix des lecteurs) – Faute d’ombre, in Froissart/28 (1984), JC Belleveaux (1997) – Les masques embusqués, Encres Vives (1985) – Fasse l’exil, Texture (1985) – Les choses par leur nom, Le dé bleu/La Bartavelle (1987) – Sache que dans ce corps, Jean Le Mauve (1988) – Le chemin de l’aven, Jean Le Mauve (1990) – La belle affaire, Jean Le Mauve (1994) – D’elle, dit-il, Jacques Josse (1997) – La page double, L’Arrière-Pays (1997) – Contre-jour, L’Arrière-Pays (2007, Prix Louis Guillaume) – Double tour, Rafael de Surtis (2008) – Effets d’annonces suivi de Carré chinois, N&b ( 2009) – Entouré d’eau de tous côtés, Editions de l’Atlantique (2010) – Quatre-vingts entames en nu, Jacques Brémond,(2013) - Plein champ (éditions ASPECT 2014)